Cette semaine, je vous présente une nouvelle rubrique du Journal des élégances, dans laquelle nous célébrons les acteurs et icônes du style, nés dans le mois en cours ! En avril, bien qu’ils soient nombreux à m’inspirer, de Marlon Brando (3 Avril 1924) ou Serge Gainsbourg (2 Avril 1928), à Jacques Dutronc (28 Avril 1943) ou Al Pacino (25 Avril 1940), en passant par Jack Nicholson (22 Avril 1937), j’ai décidé de commencer par la légende française, du style et du cinéma, Jean-Paul Belmondo, née le 9 Avril 1933, à Neuilly-Sur-Seine ! Hommage à ce voyou de bonne famille, dragueur, cascadeur, rieur, au teint toujours halé , au style irréprochable, le chef souvent couvert, proche des animaux et aux répliques qui font mouche!

Belmondo en chiffres, c’est 93 Films et plus de 2 Millions d’entrées en moyenne par film au cinéma en France ! Revenons sur les 20 plus marquants, par auteur, par date, en image, en style et en accessoires:

A Bout de Souffle – 1960

« Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville…allez vous faire »

Après une carrière sportive de boxeur, puis au théâtre, c’est au cinéma, sous la direction de Jean-Luc Godard, qu’il se révéla. Basé sur une histoire vraie, Michel Poincard, jeune voyou, vole une voiture à Marseille, pour aller à Paris. Lors d’un contrôle, il tue un policier et une fois arrivé retrouve une étudiante américaine, Patricia (Jean Seberg). Outre de superbes vestes en tweed, la part belle est faites aux accessoires, le chapeau, en feutre, de forme fédoras, le gavroche, la cravate, à motif pied de poule notamment, ou encore les lunettes !

La Viaccia (Mauvais Chemin) – 1961

Ce Film de Mauro Bologni met en scène le Jeune Amerigo qui tombe amoureux de la prostituée Bianca, interprétée par Claudia Cardinale, il devient videur de la maison close où elle travaille. On adore le port de la pochette blanche, pli double pointes, l’écharpe nouée en « chassé croisé » (retrouvez notre article sur les foulards pour en savoir plus), la cravate en tricot de soie, à pois, avec un costume trois pièces, à motif prince de galles et une chemise à col club. Les deux acteurs joueront à nouveau ensemble, l’année suivante, dans Cartouche (Voir Bonus).

Le Doulos – 1962

Tiré d’un roman de la « Série noire » de Pierre Lesou, le réalisateur Jean Paul Melville, malgré, avoir écrit le scénario à la hâte, réinvente ici le Polar ! Il est question de règlements de comptes entre flics et truands, et de Doulos. Issu de l’argot Parisien, ce terme désigne à la fois un indic et quelqu’un portant un chapeau. Bébel met ici à l’honneur le port du trench, du costume et de la cravate sombre, ici en tricot de soie, et donc du feutre fedoras ! On note le costume trois-pièces à rayures tennis à droite, et le port de la cravate avec une chemise en flanelle à gauche de son compère Serge Reggianni.

Un Singe en Hiver – 1962

« Une paella sans coquillages, c’est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette : quelque chose qui déplaît à Dieu ! »

Réalisé par Henri Verneuil : Albert Quentin (Jean Gabin),propriétaire d’un Hotel à Tigreville (Normandie), promet à sa femme Suzanne de ne plus boire, s’il n’est pas détruit par les bombardements durant la seconde mondiale. Gabriel Fouquet (Jean Paul Belmondo), un publicitaire, jeune et remuant, débarque 15 ans plus tard. On relève ici le port de la casquette plate, à motif pied de poule, du bomber en cuir et peau de mouton, de l’écharpe en tartan et de l’imperméable, mackintosh réversible, chevrons d’un coté, beige de l’autre.

L’Homme de Rio – 1964

« Quitter son pays, sa famille, son armée, ses copains, franchir les océans pour voir une donzelle s’agiter dans un bruit de casseroles, ça vous paraît normal ? »

Dans ce film de Philippe de Broca, à mi chemin entre Indiana Jones et Tintin, Bébel est un soldat de deuxième classe, Adrien Dufourquet, il se réjouit de passer une permission d’une semaine en compagnie de sa fiancée, Agnès Villermosa (Françoise Dorléac). On aime ici l’association veste pied de poule grise et chemise en lin déboutonnée, le port de la chemise safari à poches plaquées et enfin le smoking blanc avec noeud papillon, à nouer bien sur !

Les Tribulations d’un Chinois en Chine – 1965

Sous la houlette de Philippe Broca , Arthur Lempereur est un jeune milliardaire désenchanté et suicidaire qui entame une croisière en Orient avec sa Fiancée Alice (Ursula Andress). On apprécie le port de la chemise avec pull col rond rouge (Dans une interview pour le figaro, sa petite fille, Annabelle Belmondo nous apprend que c’est sa couleur favorite, la mienne aussi, avec le bleu bien sur), la chemise en denim, pour hommes et pour femmes et, enfin, le blazer à patch entre inspirations militaires et universités anglo-saxonnes.

Pierrot Le Fou – 1965

On retrouve à nouveau Jean Luc Godard à la réalisation : un soir, Ferdinand Griffon se rend compte que la baby-sitter qui est venue garder ses enfants, Marianne (Anna Karina), est une ancienne amie. Il quitte tout pour partir avec elle dans un grand périple, mêlant trafics d’armes, complots politiques, rencontres insoupçonnées, relations sentimentales, dans le sud de la France. On retrouve à nouveau la couleur rouge, chemise et cravate, blazer prince de galles et on note la petite touche automobile avec une Alfa Rome Giulia 1600 Spider (1961) et une Autobianchi Primula (1964).

Hô! – 1968

François Holin, dit « Ho », est un ancien coureur automobile qui fait le chauffeur pour des malfrats, Paul et les frères Schwartz. En tant que passionné de courses automobiles et de véhicules vintage, je ne pouvais pas ne pas mentionner ce film réalisé par Robert Enrico. Notez les mitaines de conduite camel, le casque, les lunettes de soleil, la veste en pied de poule assortie à une cravate club et une pochette rayée.

La Sirène du Mississipi – 1969

– « Quand je te regarde, c’est une souffrance. » -« Pourtant hier, tu disais que c’était une joie. » -« C’est une joie et une souffrance. »

Réalisé par François Trufffaut, Bébel joue le personnage de Louis Mahé, un riche planteur réunionnais et fabricant de cigarettes, il épouse Julie (Catherine Deneuve), rencontrée par petite annonce et arrivée par le paquebot Mississippi. Le temps qu’il se rende compte qu’il s’agit d’une usurpatrice, elle a disparu, avec tout son argent. Il mêne l’enquête avec l’aide d’un détective. Je ne pouvais pas ne pas citer celui-ci, ne serait-ce que pour la veste saharienne à poches plaquées, à motif pied de poule, portée en plus avec un col roulé blanc, une combinaison extra! J’apprécie aussi les larges cols de chemises (les cols souvent fins aujourd’hui, sont une faute de goût) et les larges cravates (7/8cm).

Borsalino – 1970

Alain Delon « François, pourquoi tu t’en vas ? » Jean-Paul Belmondo : « Parce qu’on est deux. »

Réalisé par Jacques Deray, Borsalino prend place à Marseille, dans les années 1930. Roch Siffredi (Alain Delon), jeune truand sorti de prison, apprend que sa maîtresse Lola, est passée dans les bras d’un autre voyou, François Capella (Belmondo). Après une première rencontre musclée, les deux hommes se lient d’amitié et s’associent dans des opérations de petit banditisme. C’est peut être le film le plus symptomatique du style Gentleman dans la carrière de Bébel et l’histoire du cinéma, un vrai régal ! Un festival de costumes, croisés ou trois pièces, à motifs, rayures tennis, carreaux, prince de galles, pied de poule ou chevrons associés à des cravates, à rayures clubs notamment et pochettes unies. Une collection de chapeaux, feutres fédoras ou panamas, et gavroches. Le foulard rentré dans le caban ou veston, en soie pour l’un, laine pour l’autre, est la touche finale.

Le Casse – 1971

On retrouve Henri Verneuil à la réalisation, Azad (Belmondo) organise un casse, avec trois amis, chez un notable d’Athènes. Ils sont pris sur le fait par l’officier de police Abel Zacharia (Omar Sharif). Il les laisse repartir à la surprise générale. Quelles sont ses intentions? Ce film contient l’une des plus longues courses poursuite du cinéma, Opel Rekord A contre Fiat 124 Special T. On apprécie donc particulièrement les gants de conduite, en cuir de cerf , du Policier Abel, ses boutons de manchette, son panama, et trench (signe distinctif des inspecteurs au cinéma). Quand à notre cher Bébel, on adore sa casquette plate, pied de poule, ses lunettes de soleil, aux verres bleutés, et la combinaison, bombers, en cuir et mouton, avec un col roulé, mais aussi, avec chemise, et foulard orange noué dans le col, grand chic! A noter la musique réalisée par le grand Ennio Morricone

Le Magnifique – 1973

Dans cette parodie de James Bond (une autre de mes inspirations) par Philippe de Broca, Saint-Clar échappe par miracle aux agents des services secrets albanais, lancés à ses trousses par le redoutable Karpof, avant de savourer sa victoire dans les bras accueillants de la belle Tatiana (Jacqueline Bisset). On savoure en bas le foulard à pois noué dans la chemise à la façon d’une lavallière, le blazer bleu avec large lapels gainés de noir, la ceinture ton sur ton à boucle dorée. Au Milieu, l’ensemble costume blanc (on retrouve le costume blanc également, dans Docteur Popaul, de Claude Chabrol , en 1973), must-have en été, chemise denim, cravate large jaune et pochette rouge. A droite, le blouson en daim, pantalon en flanelle, derbys marrons et chaussettes à motifs. A gauche, encore un chapeau, et, oserez vous le vison comme bébel?

Stavisky – 1974

Le réalisateur Alain Resnais, met ici en scène l’affaire Serge Alexandre Stavisky, dit l’escroc du siècle. Entre fêtes majestueuses, luxe ostentatoire, politiques corrompus, finance douteuse et argent sale. Cette histoire entraina la France dans les émeutes de 1934 et la tentative de coup d’état des Ligues Fascistes. Admirez les costume trois pièces, ou croisés, à rayures tennis encore, aux larges lapels (Dites Non aux petits cols de chemises et petits revers de vestes), avec cravate, grise, montre à gousset, et boutonnière à fleurs. On note un bel exemple de dress code « White-Tie » queue de pie, haut de forme, foulard blanc, noeud papillon blanc, pochette blanche. Toujours la combinaison chapeau, panama ici, et foulard, à pois, noué dans le col, comme une lavallière est ma préférée. Et quitte à être confiné, autant l’être dans un peignoir fait de velours, soie et satin, non ? Ne manquez pas non plus d’admirer la superbe Rolls Royce !

L’incorrigible – 1975

Victor Vauthier est un escroc incorrigible. Déguisé en aristocrate bon teint ou en vieux loup de mer, il multiplie les arnaques avec l’aide de ses complices Camille et Raoul. Mais un jour, Marie-Charlotte de Pontalec (Geneviève Bujold) fait irruption dans sa vie. Réalisé par Philippe Broca. Du costume croisé, à motif régimental, avec chapeau, feutre fédoras, cravate, et gants, en cuir d’agneau, en passant par le costume beige au peignoir tout est bon! Petit focus, sur le gavroche, de son ami défunt, Charles Gérard.

Peur sur la Ville – 1975

Dans Peur sur la ville, réalisé par Henri Verneuil, à Paris, un policier cascadeur traque un tueur en série qui se fait appeler Minos, et qui élimine les femmes qu’il juge dépravées. On peut voir à nouveau Bébel avec le trench coat ou le blouson de cuir (superbe en remplacement d’une veste avec chemise et cravate tricot), symptomatique du style inspecteur de police. Sur la photo de l’affiche, on observe un « copier coller » avec celle de Steve McQueen dans Bullit, néanmoins, le féru d’horlogerie que je suis, à un faible pour le Cosmograph Rolex Daytona, référence 6263, surnommé « Big Red », une des plus belle pièce de l’horlogerie classique et contemporaine. Elle a été portée également par l’acteur dans L’incorrigible (Voir plus haut) et l’Alpagueur (Voir Bonus).

Le Corp de mon Ennemi – 1976

Sous les caméras d’Henri Verneuil, Bébel alias François Leclerc, revient en ville, après avoir purgé une peine de sept ans de réclusion, pour un double meutre, qu’il n’a pas commis. On apprécie encore une fois, les costumes trois pièces ou croisés, à rayures tennis ou tweed, le blazer à carreaux dit « Gun Club Check », le smoking impeccable au milieu avec noeud papillon. Au niveau des cravates, du modèle pied de poule en haut à gauche, et modèle en tricot de soie bordeaux, en haut à droite, au modèle à rayures club en tricot de laine, en bas à gauche, et en bas à droite, le modèle à motif pièces de monnaie, elles sont toutes disponible chez maison Baylé.

Flic ou Voyou – 1979

« Je sais bien que t’as pas buté l’autre imbécile ! Mais t’en as fait flinguer d’autres ! Si on rajoute à ça le racket, la drogue, les putes, ça fait une jolie carrière quand même ! Les vingt ans que tu vas prendre, c’est un peu la médaille du travail qu’on va te remettre. »

Georges Lautner derrière la caméra, Michel Audiard aux dialogues, Jean Paul joue le super flic Parisien, Stanislas Borowitz, envoyé à Nice pour s’infiltrer dans le milieu de la pègre locale et anéantir deux bandes rivales en les montant l’une contre l’autre. Exit le Costume, ici place au blouson de cuir, accessoirisé quand même d’une cravate en tricot de soie noir et d’une ceinture cowboy, ou encore d’un gavroche, prince de galles. Les fans de vitesse et d’automobile apprécieront la Lotus Seven blanche comme son écharpe.

Le Guignolo – 1980

« Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? Un voleur, de temps en temps, ça se repose. »

Encore un Duo Lautner, Audiard à la réalisation, à peine sorti de prison, Alexandre Dupré, en route pour Venise, se voit confier une malette, pour passer la douane, et est ainsi entraîné malgré lui dans une rocambolesque aventure. Passons sur les costumes, cravates et noeud papillons, la véritable star, ici, est ce caleçon à motif. On peut voir aussi, en haut à droite, une autre tocante, de la manufacture Genevoise, Rolex, une Day-Date, en or jaune.

L’As des As – 1982

Réalise par Gérard Oury, Bébel incarne Jo Cavalier, pilote héroique de la grande guerre, il devient l’entraîneur de l’équipe française de boxe, en vue des Jeux Olympiques, de 1936, à Berlin. Dans le train, le jeune Simon Rosenblum, le reconnait et lui demande un autographe. On craque pour le petit ourson et question style, la cravate club, le blazer croisé ouvert avec un pantalon blanc (un indispensable du vestiaire de l’homme élégant), des spectator shoes, et un gavroche. le costume short, du petit Simon, une des grandes tendances du Pitti Uomo, chaque année. On retrouve, ici, le passé de boxeur de Bébel. Le look aviateur, cuir, masque et, gants, est des plus réussis.

Itinéraire d’un enfant gâté – 1988

« Le meilleur moyen de faire croire que tu connais tout, c’est de ne jamais avoir l’air étonné. Parce que toi, tu as souvent l’air étonné, c’est un défaut. (…) C’est étonnant mais ça doit pas t’étonner. »

Après un homme qui me plait, en 1969, Claude Lellouch et Bébel, remettent le couvert, dans l’un des derniers films de Jean Paul Belmondo. Pas des moindres, il lui vaudra un César en 1989, avant de quitter les caméras pour retourner sur les planches. Sam Lion, deux mariages, deux enfants, chef d’entreprise, la cinquantaine passée, las des responsabilités, met en scène sa mort aux yeux de tous, et part à l’aventure en Afrique. Bébel sait aussi ici être habillé de manière décontractée, dans un style baroudeur, jamais sans son chapeau tout de même.

BONUS

Parce qu’on ne peut se résoudre à réduire, à 20 films, l’immense carrière de Bébel, qui lui vaut une Palme D’or à Cannes, en 2011. Ci-joint quelques bonus, pour la forme, et le style, surtout !

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